vendredi 5 juillet 2013

Monastir El Jem



Aux risques de me contredire, je raconterai deux déplacements successifs, allant à l’encontre de cette défense faite du stationnement à Hergla, mais surtout pour illustrer que je n’en suis plus à une contradiction près. J’en suis même à me convaincre qu’une certaine dose est signe de santé mentale. Oui, oui. Contre ce principe socratique de la raison, je constate qu’il faut parfois lui chercher querelle. SE chercher querelle ou à l’instar du personnage que joue Tommy Lee Jones dans Lincoln garder cette capacité à être surpris, à se surprendre. S’ils ont réussi à abolir l’esclavage, il me semble parfaitement réalisable de mettre à mort quelques vieilles idées crasses qui me polluent l’atmosphère. Toute dépense d’énergie pour colmater la moindre brèche est vaine. La lézarde peut arriver par le grand train n’importe quel matin, le wagon de marchandise se déverser avant la gare centrale et obstruer les rails, le passage, néanmoins, d’autres conteneurs de telles fissures. Pour un temps. Calée sur le patio, je peux ruminer ma hargne, ma désespérante litanie contre la façon dont les hommes traitent les femmes, comme des vaches aux pies alléchants, comme des oasis après trois jours de marche sous le disque de plomb. Dans le tumulte du monde, je dois me taire. Entre Monastir et Sousse, entre El Kantaoui et Hergla, à El Jem, je n’ai plus raison, sans signe quelconque que j’ai perdu la raison. Je suis dans un émerveillement, car l’écriture, les mots accouchés à la verticale sur mon écran solaire ont invité la réalité, sa puissance, à ma table et les hommes, soudain, sont tous plus charmants les uns que les autres. Amoureuse folle de cet endroit depuis les premiers jours, foudroyée, je brûle tant encore de ce feu qu’il m’arrive parfois de craindre les cendres à mon retour sur Montréal. Je revois Tilda Swinton en Orlando, nostalgique du présent, rêvassant tout haut au triste moment de sa fin, absurdement. Sachant pertinemment qu’il en est ainsi, n’empêche rien à ce qui se propulse en ses sombres pensées, ne freine pas le malheur de demain de se jeter à corps perdu dans le bonheur d’aujourd’hui. Cette imagination qui me tord le cœur, parfaitement inutile, pourrait cependant servir, pas dans l’immédiat, mais à me préparer à cet inéluctable, à n’en être pas si surprise. Or, dans cette tresse de sentiments mêlés, me tient aussi à cœur cette essentielle aptitude à m’émerveiller tant du clair que de l’obscur et à accepter ce que le futur apportera, qui ne sera certainement pas, à l’image de ce à quoi je pense les yeux rivés sur l’amphithéâtre d’El Jem, parce que la réalité cache bien son jeu et la carte fatale abattue, triomphante, est rarement celle attendue. Mes projections, mes espoirs, mes désirs, outre meubler malencontreusement mon espace mental et me déconcentrer, me tenir éloignée des bonnes préoccupations, ne se concrétisent pas. À 27 ans, j’ai appris où il me fallait exercer ma volonté, soit à abandonner, et à 37 ans, je ne comprends toujours pas qu’il y ait des domaines où je m’acharne et réussis à atteindre la correspondance, alors que ce ne sont pas les plus banaux, bien au contraire. Qu’un homme me raconte sa dépression de trois ans, mais tout de même la réalisation de son rêve d’enfance et me voilà aux prises avec l’étonnement des buts atteints qui diffèrent tant pour chacun. Il m’apparaît que certains mettent la main sur le convoité mari, sur la marmaille désirée dès le maniement des poupées, plusieurs construisent une maison à leur échelle, publie le livre qui synthétise leurs principaux dires, pour d’autres, franchement, la caravane passe. Je suis dans la caravane et regarde le paysage, la maison des autres, leur famille nucléaire, leur emploi et leur loisir, je me surprends de ce couple dans le train. Elle porte le niqab, il porte un survêtement, ils ont une enfant dont j’ai volontiers fait éclater la tête contre la fenêtre dans mon demi-sommeil, et cette femme en attend un autre qui braillera et gémira tout autant. Je ne suis pas surprise qu’ils reproduisent un modèle, je m’étonne qu’ils puissent baiser, pauvre idiote. Je suis dans la caravane et c’est le rêve que je réalise à coup sûr, qui soulève l’envie, dont cette femme à qui je parlai au téléphone. Fin avril, j’appelle la compagnie aérienne pour savoir s’il m’est possible de modifier mon itinéraire à peu de frais, ayant une escale à Paris en fin de course. Devant prendre l’avion pour Montréal quelques heures après l’atterrissage, j’aimerais peut-être prendre l’avion quelques jours plus tard et me saouler de paname, une autre bien-aimée négligée depuis 2007. Au bout du fil de mon téléphone sans fil, la femme ne bronche et m’écoute attentivement. Puis, elle m’explique que je fais erreur. Le numéro composé m’a mené à une clinique privée de tests prénataux à Toronto! Wow! Elle m’explique qu’elle écouta mon histoire puisqu’elle aurait voulu être moi avec cette vie qui m’offre la Tunisie, l’Écosse, la France et pas que cet ennui ontarien. Je ris, peut-être voudrais-je être une femme qui veut vraiment savoir s’il n’est pas déjà trop tard pour mettre un enfant au monde, un enfant avec ses dix doigts de mains et de pieds, plutôt qu’une femme qui cours à sa perte et à sa disparition, à son désœuvrement ou un ouvrage que personne ne lit, un travail qu’elle considère peu digne d’intérêts. Tant pis, je vais prendre la caravane, il ne me sert à rien d’attendre sur ce trottoir que les choses qui arrivent aux autres m’arrivent, j’ai ce karma et j’ai souvenir de l’avoir voulu. Contrairement à ce qui me fend et que je voudrais arracher à l’opulence d’autrui, je me contente et tente, dans cet entendement, de réduire la violence de mes désirs. Je tente de la concentrer dans les domaines où ma voix porte. Ailleurs, les décibels assourdissent. Les tympans souffrent et dans cet hurlement incompréhensible, certains n’entendent que je n’ai pas de sur-moi. Ils n’entendent que ce qui n’est pas retenu, pièce massive éclipsant cette timorée enfant qui me suit dans la caravane et partout où je mets les pas. Je pourrais l’appeler sous-moi, parce qu’au fondement du monument tonitruant, mais je voudrais surtout réussir à trouver les mots pour apaiser ses tourments, pouvoir lui dire que ses plaintes et ses lamentations alimentent mon cri et que j’ai mal à la gorge, à la tête, aux oreilles. Apprivoiser cette turbulente, cesser d’imaginer que j’éjecte son cerveau de sa boîte crânienne en appuyant sur celle-ci, que je fracasse son corps contre les murs, que je l’étouffe sur mon sein et la garde, flasque, pendue là comme les fantômes de Jérémie et Éloïse, ces embryons perdus au travers des déchets biologiques de l’hôpital de Limoilou. Comme la mort des anciens sémites, cette enfant n’a pas de corps et je ne sais comment en venir à bout, bien que je me doute que les colères, façades publiques de la tristesse, l’aliment, qu’elle tète goulument le mécontentement, que l’intranquilité est son berceau, que sa dépendance est son emprise. Une autre tresse devenue nœud, et pas qu’au cœur ou au ventre. Quand j’embarque dans la caravane, soudain, 1000 possibles, à tout le moins si cette enfant peut se taire.

Je ne sais si j’ai trouvée, mais en mes déambulations à Monastir, j’ai mis les yeux sur, certes le mausolée Bourguiba et le ribat, mais aussi sur des hommes beaux. J’ai compris, enfin, ce qui me laisse si frigide et qui autrefois me fessait tomber en pamoison. C’est que je ne les aime plus à 25 ans, je les aime à 35, 40, 50 ans. Je les aime faits, mûrs, grisonnants, bedonnant au bon moment, et ce, surtout parce qu’alors, ils ont quelque chose à dire. Outre deux chauffeurs de taxi alléchants, avec la bague au doigt et le front remontant jusqu’au milieu du crâne, un guide m’accompagna dans ma visite chez le président bien-aimé ayant tout fait pour l’indépendance de la Tunisie et tant fait pour celle des femmes. J’acceptai sa présence puisque tout de son corps et de sa voix me plaisait. Il me fit rire, me fit la grimace, cessa de rire quand je me moquai de sa grande tolérance musulmane qui s’affiche intolérante à l’égard des Marocains et des Algériens. Il ne me toucha pas, ne me donna pas son numéro de téléphone, resta un parfait gentleman, ce pourquoi il conserve tous ses points quand j’y repense. À la mausolée de Bourguiba, des sépultures familiales, des vêtements, des vieilles lunettes revenues de mode, un crayon offert par Ronald Reagan, un téléphone à son nom et des photographies d’un monde révolu. Oui, madame, révolu. Sur celles-ci, Bourguiba avec Kadhafi, Bourguiba avec Saddam Hussein, Bourguiba avec Al Asad père, Bourguiba avec Hassan II père, Bourguiba avec le Shah, Bourguiba avec Nasser. Tous des dictateurs, me dit-il, le sourire en coin. Il ne manque que Ben Ali…mais mon collègue aime Ben Ali. Vraiment? Comment peux-tu constater la mécréance de ces hommes en complet et ne pas voir celle de votre président sortant? Ce n’est pas lui, le perfide, ce sont les membres de la famille de sa deuxième femme. Tu m’en diras tant! Lui est aussi innocent que le Maire Tremblay, parce qu’il ne savait rien. Tu sais, président d’un État, tu es occupé à d’autres tâches, tu ne peux surveiller tes proches, tu ne peux que leur faire confiance, même si les finances du pays sont dans un piètre état et que les tiennes vont bon train. J’imagine que c’est aussi de la faute des fonctionnaires dont la gestion est douteuse, contrairement à l’habileté qu’ont tes fils ayant étudié au HEC ou ta belle tirant tous les cordons dans l’intimité. Ben Ali est un cœur sensible, s’il a fait des conneries, c’est d’avoir été trop gentil. J’en connais des comme ça qui, pour ménager ce qui ne se ménage plus, sont prêts à réduire en poussière le moindre diamant, le joyau qui chaufferait l’âtre et le ménage attenant bien longtemps. Il défend Ben Ali, tandis que pour moi, cet homme est indéfendable, coupable, responsable, tant de ce qui arriva dans ses ministères que dans sa chaumière. Voilà. Pas d’excuses disponibles pour les figures publiques, la duplicité ne leur sied pas, ne peut leur servir, tout le monde est politique et la politique est éthique, de ce qui se passe sous les draps à ce qu’on voit devant les caméras. Intransigeante et platonicienne sur ce point, je suis convaincue que ce n’est pas d’amour dont a besoin un président. Beau, terriblement beau, ça ne va cependant pas loin. Le guide allume le lustre de 365 lumières offert par Berlusconi pour moi, me raconte qu’un imam vient lire quelques pages du Coran tous les vendredis matins à la dépouille et autres anecdotes sur ce dernier grand politique qu’aura vu la Tunisie, souhaitant que les élections de fin d’année renverront le parti Enhanda d’où il vient et qu’un charismatique personnage et sa horde ramasseront les cochonneries qui se sont accumulés depuis bien avant le 14 janvier 2011.

            Puis sur le chemin du retour, après m’être battue contre un grand-père voulant me vendre une nappe et m’embrasser ou un bijoutier m’ayant serti de tous ces bracelets berbères, je me retrouve sur le bord de la route menant à Hergla, entre El Kantaoui et Hammam Sousse, genre, nulle part. Je dois trouver un taxi. C’est toutefois une Mercedes noire qui se stationne et je me penche vers le conducteur franchement intriguée, pensant que c’est peut-être un homme du village qui me reconnaît. Non. Je lui demande où il va et il me renvoie mon interrogation. Je vous emmène. J’hésite. Tout ce qui pourrait m’arriver de sordide, tous les beaux draps dans lesquels je pourrais me retrouver, au fond du ravin ou violée par sa gang d’impudents richards. Ses yeux sont doux, ses cheveux sont blancs et il me montre toutes ses dents suivant LA question : qu’allez-vous faire de moi. Avec ses cinquante ans sonnant, LA réponse est simplement : « Je vais te draguer ». Je ris et je prends place à ses côtés. Fonctionnaire au ministère de l’intérieur, le ministère de la complexité s’il en est, nous parlons de la révolution, de la pagaille, de littérature, des différences entre le Maghreb et le Mashrek, de colonisation française, de drogue qui circule plus assidument et se consomme mêmement avec le changement de régime, ainsi que de Tozeur et autres villes du désert. Il m’offre une bière, arrête la bagnole, va dans la malle et revient avec deux bières que nous buvons pendant les quinze minutes nous séparant de ma destination. Oui, en Tunisie, c’est la pagaille et les conducteurs vident des canettes de Celtia au volant… Son fils téléphone, il l’attend, ils ont des courses à faire et ça semble triste puisque notre rencontre n’aura durée que la distance séparant le point A du point B. Il se dit jaloux de mon coup de foudre apparent pour son pays, notifie le fait que je sois pleine de vie, bref, émets des phrases que je n’avais pas encore entendues. Tout est là, dans l’inédit qui semble venir avec la maturité. Je cherche celui que j’aime et à défaut de le trouver, j’en aurai, au moins trouver un qui m’a réconciliée avec les autres. 

            Ainsi, je vais à El Jem en ce premier dimanche du mois qui n’est pas un choix optimal. Les sites culturels sont gratuits pour les Tunisiens et ils se ruent dans toutes les directions pour en profiter en famille. Je les comprends, tu n’amènes pas toute la trâlée quand dix dinars sont demandés pour entrer. Les espèces sonnantes valent chers, aller au musée peut faire manger pour la semaine. Ils n’oublient donc pas les priorités. Je vais donc faire le trajet d’environ une heure, debout entre les deux wagons, aux côtés de la toilette et où les hommes viennent fumer comme des cheminées. Je ne suis pas seule, une jeune femme et son immense valise, deux jeunes garçons que je soupçonne d’être homosexuels, dont un est d’ailleurs superbe, les billes noires de ses yeux et ses lèvres valent leur pesant d’or. Le nez à la fenêtre pour ne pas mourir asphyxiée, je pense aux Juifs à travers toute l’Europe et ronge mon frein. Je n’ai qu’une heure de ce transport, j’ai mangé, j’ai de l’espace et ceux et celles qui voyagent avec moi m’offrent du divertissement. J’ai même le temps de m’attirer de la sympathie, rire avec les deux gosses, échanger quelques mots avec la jolie jeune fille et m’amuser avec des jumelles qui me voient par l’entrebâillement de la porte. Je passe donc ce temps ou ce temps passe invariablement, assise ou debout, et je me sens dans le monde, ô Jésus-Christ, mon amour. Je me surprends à trouver les hommes beaux en ce dominical midi et encore plus en mettant le pied à El Jem. Au cours du trajet, je pense à la gemme que cette minuscule bourgade fut à l’époque rivalisant avec Carthage. Désormais, il n’y a que 8000 habitants, mais parmi ces derniers, beaucoup d’un petit je ne sais quoi. On m’avait dit que l’amphithéâtre s’apercevait dans le lointain, pas du train, pas de la gare. Je dois chercher cette construction magnétique qui y amène les foules. Puis, le voilà, rougeoyant dans son immensité. C’est la construction romaine la mieux conservée du pays, le troisième plus beau colisée ou amphithéâtre après Rome et Padou. Il est là devant moi, le soleil me mire dans les escaliers et me brulera lorsque j’y passerai les heures les plus crues. Je regrette mon chapeau, ma crème solaire, ma désinvolture. À l’entrée, « vous êtes beau » me dit le gardien et je lui dit : « Non, belle ». « Non », réplique-t-il, « en général, on dit beau. » Tu m’étonnes avec ta leçon de français, monsieur qui le baragouine. Son compliment tombe à plat pour cause de ‘lecture’ inappropriée. I don’t give a fuck about beauty if you cannot realize that my french is better than yours! Tu n’as donc pas les yeux vis-à-vis des trous, mais toujours cette dentition effrayante, repoussante. Il ira jusqu’à me suivre dans mes déambulations sous les arches, comme maints jeunes qui vaquent à rien, sans occupation, sur ou sous les gradins. Sans avoir comptabilisé les bonjour, les salam, les ça va, les belle femme, mais y avoir pensé, je sais quand même d’où vient ma lassitude. Ils ont à peine vingt ans et joue à ce jeu qui se révèle un grand art, exige du temps pour être maitrisé. Too bad. Parmi ceux-ci, certains me ravissent. C’est qu’il y a du beau monde à El Jem ou qu’en ces journées culturelles, les moindrement allumés quittent le café et privilégient cette sortie. Les femmes pique-niquent sous les arcades, les enfants courent en hurlant, la fosse aux animaux est apparente, les grillages des geôles pour prisonniers chrétiens encore en place malgré le pan de mur écroulé sous les canons d’un bey furieux. Je suis toute retournée par ce passé, plus qu’aux sourires des hommes. Ce sol a mangé de mes ancêtres, le sang des martyrs. Les premières encres de ces histoires que j’ai lues avec délectation ont coulé en ces murs. Si le guide affirme qu’on peut presqu’entendre les cris de la foule en liesse, c’est plutôt le rugissements et les grincements de dents que je m’imagine, ceux et celles qui roulent en boule sans rempart, sans refuge dans cet ellipse de sable face aux féroces félins. Je pense à ces coups de glaive, ces coups de masse, ces mises à mort qui furent les sorties du dimanche d’autrefois. Désormais, l’amphithéâtre accueille, en juillet, un festival de musique symphonique et des familles qui vont payer quelques dinars contre une photographie avec un dromadaire, dont une autre femme portant le niqab. Mais pouvez-vous me dire à quoi sert la photographie? Dire à ses amies, « regarde, c’est moi, j’étais là sur le dos du dromadaire »? Face à l’entrée de site époustouflant, le café Les émirs dont le propriétaire me fait causette et m’offre même de partager son déjeuner. Je vaque à toutes mes raisons et reviendrai. Cuire d’abord, me rafraîchir au musée archéologique ensuite et enfin me restaurer. Cherchant le musée, un sympathique barbu pas piqué des vers m’accompagne quelques mètres et me propose un ami tunisien parce qu’il n’est pas bien d’être seule et qu’il est aussi esseulé. Belle bouche, beau visage, bon teint, je le remercie de sa généreuse offre. Le guichetier n’entend pas un traitre mot émis. Je lui demande si tout le musée est pour moi seule et il me répond que oui. Pourtant, des sons de plus en plus forts se font entendre lorsque je me dirige vers le pavillon des paons. J’attends, au milieu de la salle couverte de mosaïques, et ils arrivent. Une quarantaine d’enfants qui s’époumonent, les lieux étant particulièrement propices aux échos. Ils entrent et hurlent en chœur, cherchent la plus haute note qu’ils peuvent atteindre, dont une petite habillée en jaune serin que je fixe et qui vient vers moi. Elle me parle. Elle doit avoir cinq ans et je lui réponds que je ne parle pas arabe. Elle ne comprend pas. Mais le flot se déverse. Comment je m’appelle, d’où viens-je et ainsi de suite. Merci vieux cours d’arabe classique, certaines connaissances me sont restées et je peux les satisfaire, les remplir de joie. Si ce n’est pas elle qui questionne, c’est sa voisine ou encore une autre, simultanément. Ils ne lèvent pas la main pour parler, ils n’attendent pas leur tour et je ne sais à qui donner de cette importance. Mes yeux tente de m’arrêter sur chacun d’eux, de les observer. Assaillie, ils sont tous à faire cercle autour de moi, à me regarder attentivement, plus fascinante que toutes les mosaïques réunies, bien que des scènes sexuelles se cachent dans l’entremêlement des cubes. Je suis la sortie culturelle et vole la vedette, entre autres, à Dyonysos. Ce n’est pas rien. Ébahie, les adultes avec eux ne bronchent pas, les laissent découvrir l’étrangeté et lui crier dessus de tous bords tous côtés. Surprise, une autre fois, mais souriante. Ils sont beaux, ils ont l’excitation de la découverte, ils veulent soudainement tout savoir de ce qui trente secondes auparavant n’existait pas. Ça me fait sourire, même que ça m’attendrit, moi, qui trente secondes auparavant les aurait tous achetés pour les battre. Certains petits garçons me parlent en anglais, puis la demande se fait : photographie et le surréalisme se déploie davantage. Dès que je m’active derrière l’appareil, ils se ruent vers moi. Je répète de ne pas bouger, de rester groupé, à distance, ils avancent en masse, se pousse pour être à l’avant-plan, se chamaillent, crient et rient comme des petits fous. Les gardiens de sécurité sont tous dans la salle, observant depuis le début d’un œil rieur, mais interviennent finalement quand ces enfants n’ont plus de frein. Une femme posément vient me parler, le groupe se dirige vers la sortie, le gardien a entendu mon nom et me rassure, s’excuse même de cet épisode qui représente le clou de ma journée. Or, je vais vite dans la distribution, car la journée est bien loin de sa fin! Des clous, il y a en aura!

Le gardien me suit, me parle et abandonne. Le gardien de la maison attenante me suit, me parle et après sa tournée m’invite à m’asseoir avec lui pour discuter. Belle femme. Je n’ai pas terminé ma tournée, le remercie et retourne au musée. Lorsqu’arrive le temps de quitter, tous les gardiens sont réunis dans la cour intérieure, béats. Celui qui sait mon nom m’interpelle et me dit qu’il serait bien qu’il y ait une Isabelle au musée tous les dimanches, que je dois venir tous les dimanches. Sweet. Je vais enfin m’attabler devant le colisée et mon hôte m’y gardera jusqu’au départ du train, soit un bon trois heures. Nous boirons le thé à la menthe, fumerons la chicha, ferons des blagues sur la polygamie et l’islam des fondamentalistes, parlerons de la crise en Grèce, des hivers et des canicules québécoises, de son amoureuse belge, de Mahdia, du désert, du bien et du mal. Cet homme, Ahmed, est une soie. D’une pure gentillesse, d’une authenticité gagnée à la sueur d’une dure dépression, leçons chèrement payée, mais platement payante. C’est comme ça. Un vieil Italien me parle pour m’informer que des tatous tout noirs, ce n’est pas beau! Les Allemands et les Portugais nous font parler dans tous les lexiques que l’on possède, prou ou moins. Ahmed parle bien sept langues et se débrouille dans dix-sept idiomes. Il n’est jamais sorti de la Tunisie, le monde vient à lui et il s’ouvre à ceci comme une vieille pute. Tous ses employés sont des adolescents, succulents. Son frère vient prendre les commandes pendant qu’on tire sur le bec du narguilé et je tombe amoureuse. Son frère a la bonté collée dans la face, exsude la douceur et je n’en ferai qu’une bouchée. Le sort des gentils étant de rester dans les limites de la cordialité, je ne pourrais que lui dire que c’est le plus beau et recevoir comme réponse ce sourire à faire damner, ce petit merci tout intimidé. Retour à la gare, sur le quai, les hommes sont beaux. Or, ce sont les femmes qui sont bienveillantes, parce que je me retrouve une fois de plus, debout entre des militaires, des sacs de voyage et une fatigue au corps que je ne pourrai supporter jusqu’à Sousse. Une femme un peu plus âgée que moi l’a bien vue et quand le contrôleur lui propose de passer en première classe, elle me prends la main et m’entraine à sa suite. Aussi attentionnée que la jeune fille de la matinée qui me fit une place hors du fumoir quand je commençai à être des cigarettes assommée. Puis, à la station de louage, dans la noirceur jamais aperçue de cette ville aux assonances sexuelles, je trouve un moustachu à l’air bête qui se tient près d’un arbre et m’amènera à Hergla, mon beau village. Il est bel et bien antipathique, nous laisse tous poireauter à la porte de son taxi jusqu’à ce qu’une troupe complète, soit huit personnes, soit prête à faire le trajet. Je prends place à l’avant, je suis la seule femme du voyage. Il prend une route que les autres n’empruntent jamais, il parle sans cesse, mais sans cesse. Il semble en colère, tout aussi incessamment. Il s’enflamme en parlant d’Israel et de Palestine, autant quand il semble être question de Ben Ali, il invective les jeunots derrière qui ne bronchent pas, tétanisés par cette personnalité surdimensionnée. Il est jeune aussi, une autre caractéristique rarement vue chez ceux qui me transporte. La trentaine. Mince et grand. Il parle au téléphone. Que dis-je, il hurle dans son portable, il hurle sur la tête du mec qui n’ose le contredire assis derrière moi, il hurle dans son volant, les deux mains bien agrippées, les jointures presque rouges, le dos constamment vouté. Je me prends à craindre de me retrouver seule avec lui jusqu’au bout de la nuit et souhaite que les adolescents descendent bel et bien au centre-ville de mon village de 3000 âmes. Il crie à des jeunes filles qui font le piquet sur le trottoir, les hommes rient dans le taxi, mais je suis persuadée que son commentaire, non nécessaire, n’est pas non plus gentil. Wow! Je n’ai jamais vu quelqu’un en feu de la sorte, à part peut-être moi dans mes grands moments d’outrages irrépressibles. Il m’adresse la parole. Que dis-je, il me dit quelque chose à tue-tête en arabe et je lui répond, minuscule : « je ne comprends pas ». Il répète, mi-méprisant mi-moqueur : « Je ne comprends pas » et il continue de me parler en arabe. Je ne bronche pas, comme mes acolytes. Il s’arrête aux manèges d’El Kantaoui et m’adresse encore quelques mots. Je comprends que tu attends quelqu’un, je comprends que tu es en feu, je comprends que tu soupire et est exaspéré de la vie. C’est bon. Il sourit. Il me comprend ou du moins il a compris que j’ai saisi un peu le personnage et que je suis peu impressionnée ou pas totalement, même pour un mec qui ne possède que sa langue maternelle, comme s’il avait quitté l’école à 9 ans. Puis, s’entame la plus longue conversation tenue dans un transport avec un chauffeur. Jusqu’à Hergla, nous parlerons et il ne lâchera pas son rôle de gars qui ne maitrise pas ma langue. Pourtant.  Il fait parti du groupe qui propose de l’inédit. Tu es maline. Je ne suis pas que maline, mais aussi melin, pauvre con. Je ne peux plus décliner mes verbes, mais maints mots qui sont émis par la bouche de ton volcan ne m’échappent pas. Pas de France, mais quel est ton nom, tu habites Hergla, tu fais quoi, pourquoi, tu veux conduire qu’il me dit une fois que nous sommes stationnés à la station d’essence et qu’il me présente au pompiste, puis à son ami embarqué à El Kantaoui avec un chapati pour son ami que j’ai pris pour une livraison de drogue. Le tempérament de cet homme est tellement fou que je me dis qu’il est gelé comme une balle. Mais non, c’est un chapati et il s’avère que je réussi à le transformer en homme souriant et quand ce rictus surgit dans sa face, c’est un nouveau monde. J’arrive en Amérique et je le trouve absolument ravissant. Les pattes d’oie autour de ces yeux sont attendrissantes, ses dents blanches, enfin, s’alignent toutes droites, et je ne vois même plus sa moustache. Notre conversation se déploie, on revient sur la Palestine et sur à peu près tout ce que j’ai compris. Il rit. Je ris. On rit comme des cons et soudainement, j’ai du plaisir avec l’autre comme nullement auparavant en ce si beau pays. Il prononce mon nom comme un grand, m’avoue que je ne saurai le faire pour le sien. Il parle, parle, parle autant en français qu’en arabe et les mecs derrière se marrent encore plus qu’avant. Ce mec est un show à lui tout seul et avec moi, ça y est c’est Broadway qui brille en grand. Entre nos phrases échangées, des rires et des regards, mais je capote, complices. Complétement complices. J’ai le sourire étampé et il n’a plus ces sourcils recroquevillés, le regard sombre, la moue du début, quand encore il a la bouche fermée. Puis, nous glissons, malgré les six autres passagers dans ce domaine connu des Tunisiens, la drague. Belle femme, demain, onze heure, toi et moi, on prend un café. Je veux tout savoir. Wow, encore. Quelqu’un qui veut savoir parce que sans connaissance, nous sommes comme des bêtes. C’est un curieux, dans tous les sens, mais c’est aussi,  soudainement, un homme ouvert et pas béat. Ses yeux lancent des éclairs, son sourire rougeoie, il est en feu, mais brûle différemment qu’au moment où je pris place à ses côtés. Arrivé au village, il me dit d’aller voir Habib, l’épicier, c’est son ami, il connaît tout le monde à Hergla, c’est un vrai herglien. Je le trouve néanmoins assez cosmopolite pour un gars qui vit au bout du monde. En route vers la maison, il repasse, me serre la main, insiste sur le rendez-vous de demain, m’indique où il habite et répète qu’il veut me présenter sa famille. Une canadienne, brillante! Ils vont être charmés et je vais être heureuse. Voilà, ma capacité de surprise est activée, régalée. En marchant sur le bord de la falaise, je songe au malotru contre l’arbre et le compare à ce grand brun avec qui j’ai accepté de boire. 

Le lendemain, onze heure, je suis sur la place du village et retire de l’argent au seul guichet de la place. Pas de moustachu dans les parages, je vais faire quelques courses, les arabes ayant une propension à ne pas être à l’heure, reviens sur mes pas cent fois et n’ose entrer dans ces lieux gardés que sont les cafés. Tous les hommes me regardent déambuler, mais je ne trouve pas celui qui doit me rencontrer et me chercher, me retrouver. Je rentre. S’ils ont du désir, ils n’ont qu’à se manifester, ils n’ont qu’à courir. Or, je suis déçue, car je m’étais convaincue que j’avais trouvé la perle rare, dans la mesure où c’est un original, un garçon pas comme les autres, une pointure, peut-être. Je suis déçue parce que je repense à ces yeux noirs et leurs étincelles, à ce sourire indescriptible ou en tous points comme celui des autres, mais qui amène une journée d’été dans son visage basané, une journée où il fait bon s’alanguir. J’irai à la plage où encore je serai harcelée par deux jeunots. Le premier se promène devant moi, viendra voir de plus près le bout de chair, puis reviendra pour me demander l’heure, une cigarette, tous les prétextes sont bons. Je n’ai pas l’heure, je n’ai pas de cigarette, mais il réussira à me sortir de Musil et me faire chier profondément sans que je n’ose le retourner à ses non occupations. Je retourne toutefois assez fréquemment à ma lecture, ce qui ne l’empêche de s’asseoir et de me parler en arabe, son français étant lamentable. Il ira chercher son compagnon resté seul un peu plus loin et qui se fera un plaisir de venir me perturber d’autant plus. Après seulement deux phrases échangées, il s’étend à mes côtés, à proximité, bien trop à proximité, pour me demander si je veux faire du sexe avec eux. J’hallucine. Après l’autre qui m’obligea presque à me jeter à la mer pour que j’enlève mes vêtements, voici l’absence totale de délicatesse, l’impolitesse suprême, l’insulte. Je suis en colère, je bous sur ma chaise longue, les lignes de L’homme sans qualité dansent sous mes yeux, je ne parviens plus à lire et ne les regarde pas, ne leur parle pas. Il renchérit et s’approche davantage, je me lève, le frappe au visage et pars, furieuse. Ils rient. Plusieurs mètres plus loin, soit sur une autre plage, je réinstalle mon barda et voilà que je les vois se pointant à l’horizon, revenir vers moi. Le berger ne fera rien pour me protéger, je replie donc bagage et rentre, puisqu’il arrive que mon jardin soit le seul endroit où je trouve la paix, malgré les « salam » à profusion. Toujours fâchée contre ces approches, contre ces dérangements inopinés, je ne sais comment je vais survivre un mois de plus sans crise cardiaque, sans péter une coche à un quidam. Vraiment. Ce n’est pas drôle, ce ne le fut jamais et frémissante, cela peut me prendre plusieurs heures pour me clamer. Il m’arrive même de pleurer, verser des larmes de rage et désirer être invisible. Je pense à ce chauffeur de taxi, le plus sexy vu jusqu’ici, le plus irrévérencieux, le plus rebelle à toutes attentes et me convaincs que je vais le retrouver, quitte à demander à Habib, à tous les chauffeurs de taxi, à oser entrer dans ce café où il m’avait donné rendez-vous. Allant au village pour faire l’appel anniversaire à mon père, je vois le taxi, je vois le chauffeur convoité, je sais qu’il y a des choses qui ne s’évitent pas, outre les petits cons qui palabrent sur les plages. Je devrai courir pour rejoindre la bagnole, mais ai remis ma main à sa main et ai fait surgir ce sourire à ce visage plus souvent qu’autrement maussade. Salam, ça va, labess, amdhoulila. « Je termine le boulot dans trente minutes, tu me rejoins? » Facile comme ça et cette fois, j’oserai entrer dans le café, m’y commander un thé, me faire dévisager par tout ce qui y bouge bien peu, m’asseoir à la terrasse et l’attendre. Quand il arrive avec ses six pieds deux dépliés, j’écris. Il doit me payer quelque chose, c’est comme ça, je dois boire à la paille parce que les hommes boivent au verre et, bavard à son habitude, ce n’est pas ennuyant. Je réussi même à lui poser des colles coraniques et à voir sur sa belle face, ce sourire radieux du gars qui lit bien les gens. Son nom est franchement prononçable, Anouar, et dit la lumière, le jour qui surgit en lui quand bon lui semble, quand je suis assise avec lui à cette terrasse où tout le village lui envoie la main. Il hurle toujours, parce qu’il faut parler fort. Il me parle des hommes chaises, ce qu’il n’est pas, ne sachant trop quoi faire de cette énergie qui roule en lui comme les vagues avec fracas. Un beau trente-six ans bien conservé, il ressemble à un adolescent qui n’a pris que des rides d’expression, les marques de joies et de douleurs parfaitement normales à cet âge. Ce n’est pas un pêcheur de poissons, ce qu’il a fait huit ans durant, mais il pêche des gens pour faire manger maman, papa, sa sœur et sa fille, sinon une famille encore plus étendue qui bénéficie de ces doléances. Je dis toujours la vérité, qu’il répète un peu trop fréquemment à mon goût de fille incrédule, mais je réussis à lui faire confiance. Il est intelligent et ça se respire de tout son être. Je bois donc la boisson gazeuse qu’il m’a offert pendant qu’il se rit de la feinte dans le taxi de son mauvais français, alors qu’il réussit à dire tout ce qu’il a à dire et que je le comprends et qu’il me comprends. Il est l’homme qui m’introduit chez ses parents, bien que je lui dise que ça m’intimide, qu’il y a un malaise naturel qui me vient. Je me retrouverai quand même en sa maison, tenant la main de sa mère de 68 ans, les yeux dans l’eau lui expliquant que la mienne a quitté ce monde en septembre et que je suis très heureuse de la rencontrer, de trouver ce qui brille en ces yeux, de pouvoir lui dire qu’elle pourrait être ma mère avec ses tatous berbères, ses oreilles fendues, ses foulards et arrangements de tissus qu’on ne trouve qu’ici. Elle est tout sourire avec ses trois dents, je peux aussi être comme sa fille. Je suis comme sa fille. Outre la mère, il y a Turkiya, la grande sœur de 33 ans, récemment divorcée, monoparentale qui fait tout pour tous. Un autre tempérament tous feux tous flammes qui me séduit, qui m’accueille et me prends sur son sein en moins de deux. Elle me fera du poisson, des frites, m’offrira le café, le thé, le coke, les noix, les cigarettes. Le monde est à moi si tel est mon désir. Toute les cousines vont venir faire un tour pour m’observer, me questionner sur les traditions chrétiennes, les langues parlées au Canada, pour connaître mon avatar Facebook, pour savoir si je vais marier Anouar et le ramener au Canada ou si je vais revenir à chaque année à Hergla pour ces yeux qui ne sont beaux que lorsqu’il n’est pas en train de penser aux malheurs de l’univers.  Turkiya m’encourage à prendre soin de lui, puisqu’il est toujours fâché et a besoin de douceur. Oui, ça se voit, j’avais remarqué. Elle et moi avons des conversations d’adultes. Elle me parle de son mari qui ne connait pas sa fille de dix ans, de son travail à la manufacture de vêtements, veut savoir si je fais de l’argent, si j’ai une voiture, une maison, mais je sais qu’elle comprend que ma situation, même toute américaine, n’est pas le rêve qu’on présente parfois dans les films. On parle de Allah, de recettes et d’Anouar. Il est parti au garage et m’a laissé là, avec ce groupe de femmes, mes premières depuis mon arrivée et je scintille, le sourire encore étampé dans la face grâce à lui, grâce à sa générosité, à son ouverture. Le téléphone de Turkiya vibre sans arrêt, tout le monde veut savoir qui suis-je et si je vais marier Anouar. What the hell? Elle rit, peut-être a-t-elle vu son frère soudain être heureux, peut-être a-t-elle vu cette étrange complicité entre nous, la facilité avec laquelle on se parle et arrivons à nous taper dans les mains. Lorsqu’il entre, il s’attable et l’échange entre tous se poursuite de plus belle, il est le gras qui parle français, un peu l’anglais, un peu l’allemand. La mère écoute, il traduit pour elle ce qui se traduit, m’invite  au jardin où il a des chèvres, de spoules, des oliviers. Puis, devant la télé, il me questionne sur les deux guerres mondiales parce qu’il ne comprend pas que l’économie allemande soit si forte s’ils ont perdu la guerre… Du Kurdistan,  l’empire ottoman, en passant par la Grèce, on discute et je vois dans son regard qu’il est content.  Ouais, pas que belle femme, malgré tous mes défauts. Pas que bel homme qui dit toujours la vérité, ce qui en fait une personnalité terrifiante. Il se fait tard, très tard, Turkiya vacille sur le divan, tout le monde est au lit, il me raccompagne et si en Tunisie, un satellite permet de capter 869 chaines, la chaine adulte se fera en ma maison. Je savais que ça arriverait, mais pas en prenant place dans son taxi.

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